A toutes les terres ...

...il pleut sans cesse depuis son départ. Oui, il faut savoir pleurer des fois! Et peut-être est-ce là la sagesse suprême.

La conscience réfléchie est une maladie. C'est bien, après tout, chacun son chagrin.....

Brahim a marre des engueulades de son père, quand il se réveille tard le matin ou quand il rentre tard le soir. Elles se convertissent en un sentiment tragique de sa vie de jeune. Mais oui, chacun suit sa ligne de pensée, le retour du fils des voisins laisse à rêver son papa.

Il part donc avec presque rien, afin d’échapper au monotone de tous les jours et des horreurs de l'indispensable quotidien, dans une aventure éminemment individuelle. Il a envie de se perdre pour se retrouver, mourir pour renaître, vivre et survivre, descendre aux enfers pour revenir à la lumière. Brahim n'a pas l'esprit de possession, et puis, de toute façon, il n’a pas la place non plus.

Une sacoche, c'est toute sa fortune mais quelle fortune.

Déraisonnable? Oui, il l’est et il ne renie rien. Rien !

Il n’a pas choisi les terres de ces ancêtres, mais il connaît le prix de toutes ces choses qui font la vie. Vainqueur de ses terres pour lesquelles il a toujours été indissociable et auxquelles il a offert un amour sans condition, et vaincu par la sécheresse et le manque qui l’écrase, en contre partie, sous des tonnes d'inconvénients.

Il a fallu donc faire des choix, il part à la recherche avec fureur de quelque chose au-delà. Il avance vers ce quelque chose que les paroles de son père lui ont construit, en vrac, sans plan. Le présent finira sûrement à la seconde, reste le futur à rêver et à bâtir.

Les sacrifices que Brahim a fait pour son village de naissance ne lui ont servi à rien pour guider sa vie ; Ce lien, celui qui l’a aidé à s’enraciner, puis à grandir protégé, puis, ensuite, c’est temps d’être livré aux grands vents de la vie qui soufflent parfois si fort et en tous sens.

Un lien peut lâcher, par manque de solidité, ou parce qu'une circonstance l'a coupé, mais, un autre reprend la place, quelque fois assez vite, d'autres fois bien plus lentement, mais il y en a toujours un. Toujours.

Hommages à tous ceux qui ont déserté leurs terres pour une raison...

Hommage à ceux, qui ont pu survoler tous les obstacles et toutes les embûches qui n'ont pas manqué de parsemer leur parcours dans d’autres terres.

Hommage à ceux qui ont été généreux par essence pour avoir su accueillir et enrichir d’autres civilisations.

Hommage à ceux qui gardent toujours cet amour universel pour la terre qui les a vu naître.

Hommage à ceux qui ont pu promouvoir leur culture et leur langue au-delà de leurs origines, et qui ont pu par ténacité à défier le temps et les événements


A toutes les terres, les paisibles et les violentes, les chaudes et les glacées.

A celles qui prennent la vie des hommes mais la portent aussi en elles.

A celles qui sont d’accueil.

A celles qui sont de refuge.

A celles qui sont de transit.

A celles qui suscitent le bonheur mais aussi la haine.