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La mode québécoise
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La mode québécoise
http://www.ledevoir.com/2006/10/21/120975.html
1/4im- Nombre de messages : 709
Age : 44
Résidence : casablanca
Emploi : dessinateur industriel
Statut : maroc
Date d'inscription : 28/06/2006
Re: La mode québécoise
La mode québécoise - Une histoire qui se répète
Michel Robichaud
Couturier, designer, enseignant
Édition du samedi 21 et du dimanche 22 octobre 2006
Depuis quelques semaines, le samedi, je lis assidûment la série d'articles du Devoir signés Carole Vallières sur le milieu de la mode québécoise. Tout en lisant avec intérêt ces excellents articles, je suis pourtant bien triste de constater que, malgré les efforts constants de beaucoup de designers et de nombreuses personnes oeuvrant dans cette industrie, on revit indéfiniment les mêmes problèmes. Problèmes chroniques de financement, manque d'intérêt des designers à travailler en groupe, manque de continuité dans les programmes d'aide et de soutien des programmes gouvernementaux, et élaboration de ces mêmes programmes sans consultation sérieuse des différents intervenants du milieu de l'industrie de la mode.
Tous les designers rêvent de marché international. Mais pour réaliser ce rêve, il en coûte des millions de dollars. Malheureusement, très peu d'institutions financières ou d'hommes d'affaires s'intéressent à cette industrie. Nous ne sommes pas en France, où un Bernard Arnaud investit des millions à long terme sur un Christian Lacroix sans trop se soucier du rendement immédiat. Ici, cette industrie fait peur. Nous ne possédons pas les traditions centenaires rattachées à l'expérience européenne.
Dans les années 90, voyant que je ne pouvais trouver les quelques millions nécessaires afin de continuer ma carrière à l'international, j'ai préféré opter pour l'enseignement plutôt que de stagner, puis de reculer. J'avais pourtant réussi à développer un réseau de licences intéressant et à réaliser un chiffre d'affaires qu'aucun designer actuel n'approche.
Léo Chevalier, John Warden et moi avions réussi à bâtir des images de marque qui facilitèrent notre coopération avec les plus importants manufacturiers de cette époque.
Malheureusement, ces manufacturiers consacraient plus d'énergie et d'argent à développer leurs copies de licences européennes ou américaines que les nôtres. Ils craignaient (et craignent toujours, selon ce que je lis) de nous construire une image trop importante et de rémunérer des designers qui n'étaient que québécois. Ils voulaient des résultats immédiats et, après une saison ou deux, laissaient tomber leur designer si les ventes n'étaient pas faramineuses. C'est loin d'un investissement à long terme.
On a aussi vu plusieurs manufacturiers n'engager un designer que pour profiter des programmes d'aide gouvernementaux, puis laisser tomber ces mêmes designers aussitôt la subvention versée.
Il y a pourtant au Québec plusieurs manufacturiers qui auraient pu, et pourraient encore, s'associer à un designer de talent afin de mettre en marché une griffe originale et rentable. Pensons notamment à Perless Clothing, qui préfère jouer les sous-traitants de grands noms américains ou européens plutôt que de miser sur un talent reconnu d'ici. Quelle mentalité de colonisé !
La lourde tâche de tout gérer
Les designers actuels n'ont donc d'autre choix que de gérer entièrement tous les aspects de leur maison. Ce qui est extrêmement difficile pour un créateur à moins de s'entourer d'associés ou de personnes détenant les qualités complémentaires requises. Situation qui demande beaucoup de patience, de prudence et surtout d'argent, si l'on songe qu'il faut prévoir des investissements qui ne rapporteront pas avant plusieurs années.
Jean-Claude Poitras et Philippe Dubuc, deux designers de talent, ont investi beaucoup d'énergie à construire leur maison. Ils ont rencontré toutes les difficultés précédemment énumérées. Malheureusement, ces faillites et celle du fiasco de Montréal Mode n'ont pas aidé à valoriser notre industrie, qui semble pourtant si glamour.
Les designers ont toujours eu du mal à se regrouper en association. Gros problème d'ego. Ce n'est pas nouveau puisque, au cours des années, plusieurs tentatives ont été faites afin de mettre sur pied une association de designers. Une force pourtant indispensable lors de discussions avec les autres secteurs de l'industrie, les représentants gouvernementaux, etc. Le timing est peut-être plus favorable aujourd'hui !
J'ai beaucoup d'admiration pour Marie St-Pierre, qui au fil des ans peaufine un style facilement reconnaissable, gère avec succès son image de marque et s'investit totalement dans la promotion de la mode québécoise, dont elle parle avec passion. Andy The Anh est un designer très talentueux qui avance avec prudence dans la bonne direction. Plusieurs autres tentent leur chance.
La relève créative est là. Elle ne demande qu'à être épaulée. On ne peut que souhaiter des efforts concertés de tous les intervenants de l'industrie de la mode dans la même direction.
Michel Robichaud
Couturier, designer, enseignant
Édition du samedi 21 et du dimanche 22 octobre 2006
Depuis quelques semaines, le samedi, je lis assidûment la série d'articles du Devoir signés Carole Vallières sur le milieu de la mode québécoise. Tout en lisant avec intérêt ces excellents articles, je suis pourtant bien triste de constater que, malgré les efforts constants de beaucoup de designers et de nombreuses personnes oeuvrant dans cette industrie, on revit indéfiniment les mêmes problèmes. Problèmes chroniques de financement, manque d'intérêt des designers à travailler en groupe, manque de continuité dans les programmes d'aide et de soutien des programmes gouvernementaux, et élaboration de ces mêmes programmes sans consultation sérieuse des différents intervenants du milieu de l'industrie de la mode.
Tous les designers rêvent de marché international. Mais pour réaliser ce rêve, il en coûte des millions de dollars. Malheureusement, très peu d'institutions financières ou d'hommes d'affaires s'intéressent à cette industrie. Nous ne sommes pas en France, où un Bernard Arnaud investit des millions à long terme sur un Christian Lacroix sans trop se soucier du rendement immédiat. Ici, cette industrie fait peur. Nous ne possédons pas les traditions centenaires rattachées à l'expérience européenne.
Dans les années 90, voyant que je ne pouvais trouver les quelques millions nécessaires afin de continuer ma carrière à l'international, j'ai préféré opter pour l'enseignement plutôt que de stagner, puis de reculer. J'avais pourtant réussi à développer un réseau de licences intéressant et à réaliser un chiffre d'affaires qu'aucun designer actuel n'approche.
Léo Chevalier, John Warden et moi avions réussi à bâtir des images de marque qui facilitèrent notre coopération avec les plus importants manufacturiers de cette époque.
Malheureusement, ces manufacturiers consacraient plus d'énergie et d'argent à développer leurs copies de licences européennes ou américaines que les nôtres. Ils craignaient (et craignent toujours, selon ce que je lis) de nous construire une image trop importante et de rémunérer des designers qui n'étaient que québécois. Ils voulaient des résultats immédiats et, après une saison ou deux, laissaient tomber leur designer si les ventes n'étaient pas faramineuses. C'est loin d'un investissement à long terme.
On a aussi vu plusieurs manufacturiers n'engager un designer que pour profiter des programmes d'aide gouvernementaux, puis laisser tomber ces mêmes designers aussitôt la subvention versée.
Il y a pourtant au Québec plusieurs manufacturiers qui auraient pu, et pourraient encore, s'associer à un designer de talent afin de mettre en marché une griffe originale et rentable. Pensons notamment à Perless Clothing, qui préfère jouer les sous-traitants de grands noms américains ou européens plutôt que de miser sur un talent reconnu d'ici. Quelle mentalité de colonisé !
La lourde tâche de tout gérer
Les designers actuels n'ont donc d'autre choix que de gérer entièrement tous les aspects de leur maison. Ce qui est extrêmement difficile pour un créateur à moins de s'entourer d'associés ou de personnes détenant les qualités complémentaires requises. Situation qui demande beaucoup de patience, de prudence et surtout d'argent, si l'on songe qu'il faut prévoir des investissements qui ne rapporteront pas avant plusieurs années.
Jean-Claude Poitras et Philippe Dubuc, deux designers de talent, ont investi beaucoup d'énergie à construire leur maison. Ils ont rencontré toutes les difficultés précédemment énumérées. Malheureusement, ces faillites et celle du fiasco de Montréal Mode n'ont pas aidé à valoriser notre industrie, qui semble pourtant si glamour.
Les designers ont toujours eu du mal à se regrouper en association. Gros problème d'ego. Ce n'est pas nouveau puisque, au cours des années, plusieurs tentatives ont été faites afin de mettre sur pied une association de designers. Une force pourtant indispensable lors de discussions avec les autres secteurs de l'industrie, les représentants gouvernementaux, etc. Le timing est peut-être plus favorable aujourd'hui !
J'ai beaucoup d'admiration pour Marie St-Pierre, qui au fil des ans peaufine un style facilement reconnaissable, gère avec succès son image de marque et s'investit totalement dans la promotion de la mode québécoise, dont elle parle avec passion. Andy The Anh est un designer très talentueux qui avance avec prudence dans la bonne direction. Plusieurs autres tentent leur chance.
La relève créative est là. Elle ne demande qu'à être épaulée. On ne peut que souhaiter des efforts concertés de tous les intervenants de l'industrie de la mode dans la même direction.
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Date d'inscription : 28/06/2006
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