Les mensonges de Barnavi

par Invité 05/02/07, 08:31 pm

Les mensonges de Barnavi
Islamiya.info | Le 31 janvier 2007 à 13:18:24 CET

Il y a quelques semaines, Elie Barnavi, l’ancien ambassadeur d’Israël en France, intervenait sur les ondes de RMC, l’une des radios dont l’audience quotidienne se chiffre en millions d’auditeurs.

Invité pour parler de son dernier livre sur les dangers du fondamentalisme religieux, en particulier le fondamentalisme islamique, Elie Barnavi s’est adonné pendant environ trente minutes, sur un ton dangereusement calme et d’une étonnante sobriété, à un véritable réquisitoire anti-islamique.

Pendant environ trente minutes, aucune contradiction sérieuse n’a été apportée à une intervention qu’une multitude de français ont pu entendre.

Qu’a donc dit Elie Barnavi, ce jour là ?

Une stratégie payante
Pour cet historien de formation, « le fondamentalisme révolutionnaire islamique est la menace du XXI siècle ». S’attachant à distinguer dès le début de son propos sur l’antenne, qu’il parlait bien du fondamentalisme islamique et non de la religion musulmane, Barnavi aura pourtant quelques minutes plus tard, et en réponse à une question du journaliste de RMC, cette parole révélatrice : « l’islamisme est expansionniste. Par définition, c’est une religion qui se développe par la violence. »

Face à cette menace islamique, Mr Barnavi, qui ne reconnaît que « la civilisation ou la barbarie », préconise que le monde occidental « réaffirme un certain nombre de valeurs », et « qu’il montre ses griffes ». Ces valeurs sont entre autres le refus de l’excision, de la violence, Mr Barnavi insinuant par là que ces pratiques criminelles sont des prescriptions liées à l’islam, et l’affirmation de l’égalité hommes/femmes.

Au-delà des mensonges de Mr Barnavi qui amalgament sciemment l’excision, une émanation culturelle africaine, ou la violence physique, phénomène social malheureusement international (cent femmes battues meurent chaque année en France), ces propos s’inscrivent davantage dans une stratégie de communication dictée par Tel Aviv et largement relayée par tous les « inconditionnels d’Israël », comme les avaient nommés, en son temps, Dominique Vidal.

Ainsi, Ariel Sharon avait-il exhorté les juifs de France a s’exilé vers Israël pour fuir un pays antisémite peuplé de millions de musulmans. Une rhétorique que Roger Cukierman, président de l’influent CRIF, avait souvent repris à son compte après les nombreuses fausses affaires d’antisémitisme imputées à des musulmans tel que l’agression du RER D de Marie, une mythomane repentie, l’incendie d’un centre social à Paris, provoqué par un juif, l’agression au couteau d’un rabbin, par son propre couteau, que le Parquet de Paris n’a pas retenu, et beaucoup d’autres….

Cette stratégie consiste clairement à surfer sur la vague d’islamophobie qui a explosé depuis le 11 septembre, à l’entretenir constamment par tous les moyens imaginables, en construisant, en modelant méticuleusement, quotidiennement et patiemment la figure de l’homo islamicus, comme celle d’un être criminel, violent, dangereux, ennemi des valeurs occidentales, qui sont la quintessence de la civilisation, valeurs menacées par la présence musulmane. Cette stratégie est payante car son propos est déjà largement partagé par l’opinion publique. Mais elle doit être constamment réactualisée car l’opinion publique est très volatile. Les européens n’avaient-ils pas majoritairement désigner Tel Aviv comme la première menace à la paix dans le monde, dans un sondage de 2005, qui avait alors provoqué un incident diplomatique ?

Il sera difficile d’intégrer les maghrébins !

Elie Barnavi s’inscrit dans cette stratégie. Entendre ainsi parler un ancien ambassadeur, qui prétend avoir une démarche neutre d’historien, est donc bien triste et révélateur de la nature réelle des libertés sur nos chaînes publiques.

Barnavi affirme par ailleurs « qu’il sera difficile d’intégrer les maghrébins qui, à la différence des polonais et des italiens, sont plus nombreux, ont une culture différente et refusent l’intégration. »

Dans son ouvrage, Elie Barnavi joue la carte de la laïcité. Il se présente comme un démocrate humaniste face au démon fondamentaliste religieux et aux dictatures du monde arabe, feignant d’ignorer que sous tout ses gouvernements confondus, les colonies religieuses sionistes ont été tolérées et encouragées, de Rabin à Sharon, que la conversion religieuse d’un israélite entraîne la perte de sa nationalité et que tous les symboles de la religion juive ont été érigés comme emblèmes politiques et nationaux, du Prophète Israël à l’étoile de David (sur le drapeau) en passant par Jérusalem.

Qu’on ne m’objecte surtout pas le prétendu retrait de la bande de Gaza par Sharon, que ses forces armées se sont, depuis, rapidement dépêchées de réoccuper et qu’elles ne cessent de bombarder quotidiennement.

Il semblerait que la mauvaise foi n’ait pas de limites. Interrogé sur les liens du gouvernement américain avec le fondamentalisme protestant, le porte-parole de Tel Aviv n’a pas peur du ridicule : « Non, le fondamentalisme n’est pas au cœur du système américain. »

Quant à la présence de Liberman, actuel vice-président du ministère des affaires étrangères, fasciste convaincu qui prône la déportation des palestiniens, l’intégration des colonies à l’entité sioniste et de suivre l’exemple russe en Tchétchénie, cela n’émeut pas Barnavi plus que cela. « La problématique est différente, ce n’est pas un religieux. Certes, c’est un fasciste mais laïc.

La démocratie oui ! Mais pas pour les musulmans…

La principale malhonnêteté d’Elie Barnavi est de développer un discours qui s’appuie sur une argumentation d’ordre morale (la démocratie, la liberté…) et de nier cette même argumentation lorsqu’il s’agit de l’islam et des musulmans. La critique morale est aussi valable pour des idéologies que pour des religions. Tout ce qui a trait à l’homme peut s’y rapporter. Peut-être faudrait-il rappeler à Mr Barnavi que le droit à la vie, à la justice et à la liberté est un droit pour tous et non un privilège des pays du Nord.

L’autre malhonnêteté ou contradiction de son discours et d’affirmer des valeurs démocratiques, puis de les relativiser, toujours quant il s’agit de la sphère arabo-musulmane. « Ce sont les frères musulmans ou le FIS qui arriveront au pouvoir, si la démocratie arrive là bas, comme avec le Hamas » car, après tout, comme le rappelle Mr Barnavi, « Hitler est venu démocratiquement au pouvoir ». De la démocratie naîtrait donc le fascisme ? Etrange désaveu de la part d’un démocrate !

Civilisation ou barbarie ? C’est le postulat du dualisme barnavien, hungtintonien ou bushien.

Pour ces hommes civilisés, il n’est question que de terrorisme, d’Al Qaida, et de montée du fondamentalisme islamique. Ces esprits supérieurs refusent consciemment de voir qu’Al Qaida n’est que l’enfant naturel de la politique étrangère américaine, politique faite de crime, d’invasions, de coups d’état et de propagande.

Si, demain, Tel Aviv décidait, en commun accord avec les puritains bushistes de supprimer de la carte Gaza ou Téhéran, évidemment de manière préventive, personne ne s’y opposerait. Personne, à l’exception de Dieu, et c’est bien la seule chose qui permet au croyant que je suis d’espérer encore en l’avenir.

Ismaël Khan