ABUS DE SUBSTANCES: Des excès coûteux

par Invité 26/04/06, 11:20 pm

Depuis 10 ans, les coûts liés à l'abus d'alcool, de tabac et de drogues illicites explosent au Canada. Décès, maladies, heures de travail perdues, frais de justice et frais de santé...

Les excès de la population drainent de plus en plus l'économie, s'inquiète le Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies (CCLAT), dans une vaste étude publiée mercredi.

En 2002, l'abus de substances a coûté près de 40 milliards aux Canadiens. Une facture deux fois plus importante qu'en 1992, et qui se décortique comme suit : 24,3 milliards en perte de productivité; 8,8 milliards en soins de santé; 5,4 milliards en application des lois pénales et 1,3 milliard d'autres coûts.

«Une partie de la hausse s'explique par l'inflation, mais elle la dépasse de beaucoup. C'est un signal d'alarme important», estime le directeur du CCLAT, Michel Perron.

Les héroïnomanes ne sont guère en cause, précise M. Perron, 89 % des coûts comptabilisés étant dus à la consommation d'alcool et de tabac. «De plus en plus de Canadiens consomment de façon problématique et beaucoup ne s'en rendent même pas compte», dit-il.

Résultat : pour la première fois au pays, soigner les fumeurs, les buveurs et les adeptes des drogues coûte plus cher que soigner l'ensemble des cancers (qui coûtent 7,3 milliards) ou l'ensemble des maladies cardiovasculaires (2,7 milliards).

Dans les chambres d'hôpital, le problème est visible. En 1992, les consommateurs problématiques occupaient un lit sur 10. Aujourd'hui, c'est un sur cinq. Car contrairement aux autres malades -qui se font renvoyer chez eux plus vite et passent ainsi deux fois moins de jours hospitalisés-, leurs cas semblent empirer. «Cela a sûrement un impact sur les listes d'attente», souligne M. Perron.

Encore plus coûteuse en dollars, la perte de productivité est tout aussi dommageable, dit-il. «En pleine mondialisation, cela affecte notre force. C'est un rude coup. Nous devons maintenant déterminer lesquels de ces coûts sont évitables, et décider comment cibler nos investissements, pour trouver l'intervention la plus rentable.»

Le verre qui tue

Pour l'instant, le vin, la bière et les spiritueux font de plus en plus de ravages. En 2002, 9100 Canadiens sont morts d'une cirrhose, ou encore, dans un accident de la route ou un suicide liés à l'alcool. C'est 2399 personnes de plus qu'en 1992 (une hausse de 36 %).

La situation est la même au Québec, où 2048 buveurs sont morts en 2002. Ni la Société des alcools du Québec, ni Éduc-Alcool n'ont toutefois voulu commenter l'étude du CCLAT. «La consommation risquée (en grande quantité ou faite à jeun) se répand», avance pour sa part M. Perron.

Moins répandues, les drogues illicites se font par contre deux fois plus meurtrières. Entre autres, parce que le nombre de surdoses augmente «de façon tragique», révèle l'étude du CCLAT. Et parce que l'épidémie d'hépatite C s'accentue. Près de 1500 toxicomanes sont morts en 2002, par rapport à 732, 10 ans plus tôt. Et ceux-ci passent désormais presque sept fois plus de temps à l'hôpital.

Seule bonne nouvelle : même si la cigarette tue toujours autant, la lutte contre le tabagisme semble porter fruit. En 2002, les fumeurs ont passé beaucoup moins de jours à l'hôpital qu'en 1992 : soit 2,3 au lieu de 3 millions (une baisse de 23 %).

«Avec le tabac, il faut continuer dans la même voie puisqu'on fait de bons progrès, conclut M. Perron. Il faudrait que tout le monde fasse pareil pour l'alcool, que tout le monde se concerte. Mais le message à livrer reste beaucoup plus complexe. Il n'est évidemment pas question de dire aux gens de ne pas boire du tout...»

Source: http://www.cyberpresse.ca/article/20060426/CPACTUALITES/60425207/0/FRONTPAGE

Amicalement,