Interview avec bijou...2/2

Bonsoir Mme bijou,

«Installée mais non gelée », c’est votre statut Mme bijou l’ai lu sur votre Profil je me suis dis que sûrement vous avez eu des difficultés d’adaptation avec le froid, au début de votre immigration, alors souhaitez nous la vers vous avec cette interview à la main comme cadeau, peut être que ça vous rapportera un peu de chaleur et vous fera oublier le froid du Québec, et sachez qu’ont sera très ravis de vous lire et de vous découvrir plus.

Et même si vous avez déjà posté un sujet dont le titre est « 1 an après, questions et réponses » dont vous avez parlé de votre expérience, ça ne va pas nous empêcher d’essayer de mettre en valeur d’autres coté de la personne de Mme bijou, car, et c’est vrai en plus, tout le monde sur le forum vous considère un bijou de cet espace.

*-* Et comme d’habitude, je vous laisse vous présentez, qui est ce Mme bijou ?

Avant de me présenter, j’aimerais apporter une précision au sujet de mon statut au forum ''installée mais non gelée’’. Cela n’a rien à voir avec le froid et ses difficultés. En choisissant cette phrase, j’ai plutôt mis l’accent sur ma détermination à bouger et à trouver un travail malgré le gel des offres d’emploi et les difficultés liées au secteur et non comme tu as pu le croire, aux conditions climatiques. Le froid que j’ai ressenti de la part des employeurs était bien pire.

Pour ce qui est de ta question, qui suis-je ? Je suis une femme, une épouse, une mère, une sœur, une belle-sœur, une tante, une cousine, une nièce, une ancienne collègue et enfin une amie à un certain nombre de personnes. Je me sens comblée par tous ces titres et je peux dire que dans ma famille, parmi mes anciens collègues et amis, j’ai laissé un grand trou en venant ici.

*-* Voudrez vous nous faire rapprocher plus de votre famille ?

En vérité, je ne sais pas de quelle famille vous voulez parler, la mienne ou celle dont je suis issue. Devant la confusion, je vais parler des deux.

Je suis la troisième de 4 enfants dans ma famille. Mon père est décédé en Mars 1999, il y a 10 ans exactement. Ma mère a toujours été contre mon immigration mais elle a fini par accepter non sans amertume et par comprendre que le choix me revenait. Mon frère est professeur à la faculté de droit de Casablanca, il enseigne les libertés publiques et les relations internationales, il est membre de l’OMDH et auteur de livres dont ‘’Libertés et libertés publiques’’ et ‘’Du despotisme à la démocratie’’, ma sœur aînée était commissaire judiciaire au Ministère de la Justice, elle savoure aujourd’hui sa retraite anticipée. Mon jeune frère, le seul à ne pas avoir suivi des études de droit, un petit homme d’affaires aux moyens limités et aux ambitions gigantesques, se trouve au Sénégal avec sa petite famille. Je suis issue d’une famille qui a comme devise : les études sont une couronne sur nos têtes, c’est le seul outil capable de nous procurer l’autonomie et de valoriser notre personne. Mon père a quitté son pays pour nous aider à mieux vivre et ma mère a tout fait pour que son rêve se réalise à travers nous, parce qu’elle s’est toujours révoltée contre son analphabétisation.

Quant à la famille que j’ai constituée, elle se compose de deux garçons, 16 et 12 ans, et mon mari qui connaît déjà le pays étant donné qu’il a fait ses études supérieures à l’Université de Montréal. Mon fils aîné continue de pratiquer son sport favori, le football et l’autre, organise sa vie entre ses copains, la bibliothèque et les jeux électroniques.

*-* Je sais que vous êtres, avant tout, une vrais femme de foyer, le travail domestique vous savez ce que ça veut dire et ce que ça demande, au Maroc comme au Canada, parlez nous de ce côté-là de vous, vous ne vous êtes jamais plaints de ses taches là qui se répètes chaque jours et qui rendent parfois la femme nerveuse ? En d’autre terme c’est quoi votre potion magique ?

Je rectifie l’expression, je ne suis pas une femme au foyer, je suis et j’ai toujours été une femme active qui aime s’occuper de son foyer. Durant 17 ans de mon parcours professionnel au Maroc, j’ai toujours refusé les responsabilités qui pouvaient m’éloigner de ma famille et me transformer en une femme qui cherche à réussir sa vie professionnelle aux dépens de sa vie privée et familiale. J’ai toujours fait en sorte pour que ma vie soit équilibrée, le côté matériel ne me donnait pas beaucoup de soucis. Ce qui fait que malgré la présence et l’aide de l’employée de maison qui fait désormais partie de ma famille, je me suis toujours occupée des miens et de ma cuisine, cette dernière, je ne la confie à personne, j’aime être dans la cuisine, j’aime recevoir la famille et les amis chez moi et j’aime confectionner pour eux de bons petits plats de chez nous et d’ailleurs.
Il n’y a pas de potion magique pour réussir cette conciliation dans la vie, il faut juste aimer le faire et savoir faire des sacrifices quand il s’agit de l’intérêt de sa famille.

*-* La définition de la famille pour vous ?

Pour moi, famille veut dire : amour et concession. La responsabilité n’est pas facile, pour la sentir moins lourde sur les épaules et sur la conscience, il faut se munir de beaucoup d’amour et être disposé à faire des concessions. Le reste vient tout seul et c’est ce que j’appelle jouer pleinement son rôle dans la famille.

*-* ça vous arrive d’avoir peur pour vos enfants en disant que peut être ce nouveau pays les rejettera d’une façon ou d’une autre ?

Non jamais. Cette peur dont vous parlez c’est au Maroc que je l’ai ressentie et non ici. La réalité est là, mes enfants s’épanouissent, je constate leur maturité jour après jour, ils se sont fait des amis et se sentent plus responsables d’eux-mêmes.
Au Maroc, notre culture et nos traditions ne les aideraient pas à se débrouiller dans la vie, avec le statut privilégié que la société marocaine accorde au garçon, ils n’apprendraient pas à gérer tous seuls leur vie et auraient toujours cette tendance à compter sur les autres. Je tiens à ce que mes enfants travaillent dur et sachent se sortir des situations difficiles, je partirais plus tranquille de ce monde.

*-* Avez-vous regretté le faite de quitter votre grande famille du Maroc, vos amies, vos collèges, votre entourage ?

Bien sûr que oui, c’est un demi-siècle que j’ai laissé derrière moi avec toutes ses joies et tous ses déboires, c’est toute une vie que j’ai abandonnée et une fois encore par amour pour mes enfants et dans le but de leur garantir un avenir meilleur. Il faut sacrifier quelque chose pour en avoir une autre.

*-* Comment avez-vous pris la décision d’immigrer au Canada, est ce votre propre décision qui est venu comme ça, une décision prise après une longue réflexion ou bien des circonstances qui vous ont poussées à le faire ?

J’ai l’impression de me répéter. Mon idée d’immigrer n’est pas le fruit d’un coup de tête, mais d’une réflexion qui a existé 2 ans avant le dépôt de la demande et mûri pendant le temps de la procédure, c’est-à-dire, 5 autres années. Et la raison qui a déclenché le processus est le souci que je me faisais au sujet de l’avenir des enfants. A 85% donc, c’est pour eux que je l’ai fait, les 15% restants, c’est pour satisfaire une ambition dont la flamme ne s’est jamais éteinte en moi.

*-* Votre Premier jours au Québec vous vous en rappelé ?

Mon premier jour, je vais dire notre premier jour car j’étais avec ma famille, nous fûmes accueillis par des amis québécois qui nous ont hébergés durant 5 jours, le temps d’acheter les lits et le nécessaire pour notre appartement. J’avoue que dès le moment où j’ai quitté le pays, où j’ai laissé en larmes des êtres chers sur la terrasse de l’aéroport, je ne pouvais plus décrire mes sentiments, le déchirement et la souffrance qui s’ensuivirent m’ont plongée dans un état de passivité totale, j’agissais comme un être vidé de tout et mon esprit a arrêté de fonctionner. Je ne pouvais pas imaginer que la séparation allait être difficile. A vrai dire, en ce qui me concerne ce n’était pas un seul jour mais 5 jours ou plus de vide total, mon cœur et mon esprit ont cessé de vivre.

A SUIVRE...

Merci Mme bijou, c toujour un grand plaisir de te lire
thanks jemmy

MERCI BEAUCOUP pour ces informations

Merci pour cette interview si "délicieuse" !

Chapeau jemy !

Bijou, tes réponses reflètent de la détermination et du bon sens.
De précieux conseils aussi à prendre en considération...

Personnellement, je retiens les passages suivants qui m'ont beaucoup plu :

La devise de ta famille que je salue !
"les études sont une couronne sur nos têtes, c’est le seul outil capable de nous procurer l’autonomie et de valoriser notre personne"

L'esprit d'équipe, l'esprit de tolérance :
"Je souhaite :
• Qu’un climat de paix et de tolérance y soit instauré. Pour cela, il faut penser ‘’collectivité’’ et non ‘’individu’’,
• Que la volonté de servir ne soit pas confondue avec l’obligation d’agir"

L'excellence !
(...)"je les dois à cet amour qui m’anime chaque fois que j’entreprends quelque chose. Il n’y a rien que j’entame dans ma vie que je n’aime pas".

Merci pour ce que tu es, merci pour ce que tu fais.

A+
Rachel

Merci beaucoup pour cette entrevue que j'ai lu 2 fois!

Merci pour votre simplicité Bijou! Vous etes passionnée, engagée, positive, humanitaire et nous sommes tres chanceux de vous avoir parmis nous!

Excellent travail Jemy !

J’ai trop apprécié cette belle interview pleine de conseils et de transparence. Je te remercie Madame de nous faire partager tes expériences.

Au plaisir de lire et relire tes interventions.

@+

Des mots pleins de sagesse, qui vont direct à l’essentiel. Derrière toutes vos participations Mme Bijou se cachent les ingrédients de réussite dans sa vie privée et une intégration homogène dans la société d’accueil.
Bravo pour votre maintien d’équilibre entre Bijou la maman, et Bijou la personne avec ses rêves et ses ambitions. Vous êtes un exemple à suivre.
Toujours un plaisir de vous lire,
Merci Jemy

Un échange chaleureux et plein de bons enseignements pour quiconque qui se retrouve confronté à la dur réalité d'une vie nouvelle au Québec. L'ambition et la détermination sont les mots clés pour braver les dificultés. La tenacité fini toujour par payer. Ne lacher pas, vous y arriverez.

c'est un bon témoignage
merci bijou et bon travail jemy