Jaziri: «Qu'est-ce que j'ai fait aux Québécois?»

«Qu’est-ce que j’ai fait aux Québécois pour mériter cela ?» C’est par des questions comme celle-là que Saïd Jaziri tente de trouver une explication à ce qui lui arrive. Et ce qui lui arrive, c’est l’expulsion du Canada. À quelques heures du moment fatidique, l’imam de la mosquée Al-Qods, à Rosemont, considère que, si certains Québécois l’ont aimé, d’autres ne l’ont pas compris.


Détenu depuis mercredi dernier au Centre de prévention de l’immigration à Laval, Saïd Jaziri a réservé à La Presse quelques minutes de sa période de visite hier soir. Abattu et amaigri par un jeûne amorcé au début de la semaine dernière, il a pris soin de bien choisir les mots qui résument son expérience au Québec depuis son arrivée en 1997.

«J’ai tenté de dire aux Québécois qui nous sommes, a-t-il d’abord confié dans la salle trop éclairée où la rencontre a eu lieu. Je suis allé dans des débats télévisés pour dire cette vérité, avec le résultat qu’on m’envoie maintenant à la torture. Ailleurs, on prend des armes; moi, j’ai pris la parole.»

Saïd Jaziri a perdu son statut de réfugié pour avoir menti à la Commission de l’immigration au sujet d’un casier judiciaire en France.

Dans les années 90, il avait été arrêté pour complicité de coups et blessures lors d’une manifestation devant une mosquée.

En début de semaine, après quatre heures d’audience, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié a ordonné son expulsion. Pour éviter que M. Jaziri ne cherche à échapper à son sort, la Commission a aussi demandé qu’il soit détenu jusqu’à demain, jour de son départ.

«Je ne sais rien de ce qui va m’arriver, a dit M. Jaziri. On ne me dit rien. Je suis traité comme une marchandise qu’on s’apprête à livrer.»

Depuis son arrivée au Centre de prévention de l’immigration, Saïd Jaziri a refusé de manger. «Quand j’ai mal aux reins, je bois de l’eau.» Il espère que ce jeûne éveillera l’opinion publique.

Tout en disant accepter et respecter les principes de la loi canadienne, Saïd Jaziri avoue avoir du mal à se résigner à son expulsion. «J’ai le sentiment d’avoir servi le Québec. Je ne vous ai jamais insultés. Nous sommes différents, c’est tout. Ce n’est pas une réponse que d’arracher un père à son fils.»

Au moment de sa comparution, les cris et les pleurs de sa femme, Nancy Ann Adamn, enceinte de huit mois, ont suivi la décision de la commissaire à l’immigration. «Ma femme et moi souffrons beaucoup depuis ma détention», dit Saïd Jaziri.

Malgré les nombreuses critiques dont il fait l’objet au Québec à cause de ses prises de position controversées, notamment en faveur de l’instauration de tribunaux appliquant la charia, Saïd Jaziri refuse de condamner l’attitude des Québécois. «Il n’y a pas de haine, dit-il. Les Québécois sont généreux. J’ai aimé le Québec, et le Québec restera dans mon coeur. Il y a du sang québécois dans les veines de mon fils.»

S’il a la chance de rester ou de revenir au Québec, l’homme promet de changer. «Je vais me concentrer sur ma famille et je vais quitter mes activités politiques, c’est sûr. J’aime votre démocratie. Laissez-nous apprendre de vous.»

Dans sa décision d’expulser Saïd Jaziri, la commissaire a évoqué le fait que Saïd Jaziri exagère la menace qui pèse sur lui en Tunisie. L’imam demeure persuadé qu’il sera torturé dès son arrivée en raison des critiques qu’il a émises dans le passé contre son pays d’origine. «C’est un monde qui nous échappe», a-t-il dit avant d’ajouter qu’il ne pouvait parler davantage par peur des représailles.

Conférence de presse à Ottawa

Hier soir, au Centre de prévention de l’immigration, l’avocat de Saïd Jaziri et une dizaine d’amis étaient venus lui apporter leur soutien. Certains se rendront ce matin à Ottawa afin de participer à une conférence de presse destinée à sensibiliser la population et le gouvernement au sort de leur ami.

«Nous faisons cela pour tenter de trouver une solution, a déclaré Mohamed Allui, responsable du comité d’aide à Saïd Jaziri. J’espère qu’on va nous écouter. Pour l’instant, nous n’avons aucune garantie.»

Vendredi, ce comité a demandé un sursis et tente depuis d’obtenir un ultime recours auprès de la Cour fédérale.

Amicalement,

je pense que si la cause de son expulsion existe déjà dans leurs textes de loi je crois qu'il va subir
sinon il va expulsé à cause de son activité religieuse, chose qui n'est pas adorable ailleurs

Dieu avec toi, cher frere

C'est vraiment triste de voir comment les musulmans sont traités et par les étrangers et par les leurs !

A+
Rachel